Classée 12e au dernier championnat de France Jeune Cavalier, Emma Bodier nous retrace son parcours déjà riche du haut de ses 20 ans. Partons à la rencontre de cette cavalière d’exception, au cours d’une interview accordée à Pegase Insurance.
Pegase Insurance. – Pouvez-vous vous présenter brièvement ?
Emma Bodier. – Je m’appelle Emma Bodier, j’ai 20 ans. Je suis cavalière de sauts d’obstacles. En parallèle, je poursuis mes études en licence de comptabilité.
Après de longues années passées en Alsace, j’ai déménagé à Paris il y a 2 ans pour travailler auprès d’Eugénie Angot, la célèbre cavalière internationale française de concours de saut d’obstacles. Je peux ainsi m’occuper des chevaux et m’entraîner avec elle, tout en continuant mes études. Depuis le lycée, j’ai fait le choix de l’école à distance pour pouvoir être le plus proche possible des chevaux.
À quand remonte votre vocation de cavalière ?
J’ai toujours voulu monter à cheval, depuis toute petite. Mais j’ai vraiment souhaité m’y consacrer à plein temps vers l’âge de 14 ans, lorsque j’ai eu mon premier cheval. J’ai dû aller à l’écurie et m’en occuper tous les jours. Peu de temps après, j’ai rencontré mon premier coach, Paul Delforge. C’est à ce moment-là que j’ai vraiment eu envie de faire carrière, c’était vers 14-15 ans. Ce fut un déclic et ma priorité était dorénavant de monter à cheval. Je voulais m’y consacrer à 100 %, mais en ne délaissant pas mes études tout de même.
Quel souvenir gardez-vous de la première fois où vous êtes montée à cheval ?
C’est un souvenir très ancien, puisque j’avais 4 ans. En fait, il m’a été plutôt raconté par mes parents, mais je garde quelques traces quand même, car c’était assez drôle !
Un été, j’ai accompagné mon frère de 2 ans mon aîné à un stage d’initiation au poney. J’étais toute petite et je montais un poney très gros. Normalement, l’activité n’était prévue que sur la matinée, mais comme mon frère restait la journée, j’ai demandé à rester avec lui et j’ai donc pu continuer à monter tout l’après-midi.
Quand mes parents sont venus me chercher le soir, je ne pouvais littéralement plus descendre du cheval, ni même marcher… Mes jambes étaient complètement bloquées ! Les photos sont super drôles à voir ! Je n’ai plus quitté cette ponette de l’été cette année-là.
Comment organisez-vous vos journées ?
En général, je divise mes journées en deux : 50/50 entre le cheval et l’école. J’ai ce rythme-là depuis la classe de première. Je me lève assez tôt pour commencer mes cours vers 8 h. Je termine vers 13 h. Je travaille beaucoup mieux le matin, je suis plus efficace. Je prends beaucoup de plaisir après à aller à l’écurie l’après-midi. Je peux profiter et rester aussi longtemps que je veux, car je sais que tout est clair du côté de mes cours. La journée se termine vers 18 h, tous les jours sauf le dimanche.
En soirée, je vois mes amis, je fais du sport ou je vais rendre visite à mon kiné !
Pouvez-vous nous décrire votre cheval ?
Je monte entre 4-5 chevaux en temps normal, mais mon cheval de cœur en ce moment est Uræus Blanc. C’est un petit cheval, mais qui gagne tout le temps ! Il est incroyable, il a énormément d’énergie et un cœur énorme. Il veut toujours faire du sans faute ! Je le monte depuis un an et demi.
Quel est votre meilleur souvenir avec votre cheval ?
Il y en a un qui me vient tout de suite en tête. C’était avec Swing de Riverland, une jument qui ressemble justement beaucoup à Uraeus. Elle a énormément de sang, elle gagne tout le temps !
C’était un samedi après-midi, lors d’une épreuve amateur aux Longines Masters à Paris de 2016. Il s’avère que cette épreuve faisait partie de la finale de l’Equidia Life Académie. Il y avait énormément de spectateurs et tout était filmé. J’avais 15 ans et passer à la télé, devant autant de monde, était vraiment incroyable… et tout aussi impressionnant ! J’ai choisi un parcours avec des options tellement saugrenues qu’on entendait les cris de surprise du public à chaque saut ! Mais j’ai tout de même remporté l’épreuve !
Vous êtes-vous déjà retrouvée en situation difficile en entraînement ou lors d’un concours ?
Oui, j’ai subi un gros accident au tout début, quand j’ai commencé à monter. J’avais un cheval qui s’arrêtait beaucoup, car il avait vraiment peur des bidets bleus. Cette fois-là, il s’est arrêté brusquement et m’a jetée au sol. Je me suis luxé l’épaule. Pendant plusieurs années ensuite, j’ai eu cette grosse crainte que mon cheval s’arrête net de nouveau.
Quels sont vos objectifs pour cette saison 2021-2022 ?
Je n’envisage pas d’être professionnelle, même si je monte au niveau professionnel dans le monde du cheval. En tout cas, je ne veux pas en faire mon métier.
À court terme, ou du moins pour cette fin de saison, je vise un Grand Prix 3 étoiles.
Pouvez-vous nous citer un.e cavalier.ère qui vous inspire ? Et pourquoi ?
Le cavalier qui m’inspire depuis toujours est Kevin Staut. Il fait partie des meilleurs cavaliers mondiaux et français. Il est pour moi un génie à cheval. J’adore son sens de la vitesse, son sens du cheval, toujours dans la bienveillance. C’est de plus un très grand travailleur.
Je peux citer aussi Steve Guerdat, un autre cavalier que j’adore. C’est un homme de cheval. Il les aime énormément. Il en est vraiment très proche.
Selon vous, quelles sont les qualités requises pour être une bonne cavalière ?
Il y a pour moi deux qualités fondamentales à détenir :
- le travail et la persévérance, car c’est un sport de remise en question perpétuelle ;
- l’empathie et l’amour envers l’animal.
Quelles sont vos autres passions ?
Je n’ai plus vraiment le temps d’avoir d’autres passions ! (rires) Auparavant je faisais énormément de sport, mais je n’en ai plus le temps. Par contre, je parviens à me consacrer encore un peu à ma passion pour le cinéma. Je la partage avec mon grand frère scénariste. Comme il vit à l’étranger, nous attendons son retour en France pour nous rendre aux avant-premières ensemble ou on en profite pendant les vacances que nous passons toujours en famille.
Quel serait le voyage de vos rêves ?
J’ai déjà beaucoup voyagé avec mes parents. Maintenant, je rêve d’authenticité. Peu importe le continent, le voyage de mes rêves serait de partir avec juste un sac à dos, à la rencontre des populations des villages, loin des grandes villes touristiques…
Quel conseil donneriez-vous à un jeune qui souhaiterait se lancer dans un parcours comme le vôtre ?
Ne pas avoir peur des nouvelles aventures. Ne pas avoir peur de partir, découvrir de nouveaux endroits et rencontrer de nouvelles personnes.
Il faut suivre son cœur et ne pas avoir peur d’oser, car certaines opportunités sont uniques.
Pour terminer, pouvez-vous nous partager la citation qui vous inspire le plus ?
« Je suis le maître de mon destin, je suis le capitaine de mon âme. » de William Ernest Henley.
Nous remercions vivement Emma pour le temps qu’elle nous a accordé et pour ce sympathique échange.
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