Dubaï, Hong Kong, Riyad… Sarah Pilkington ne pensait pas que, grâce à son métier de thérapeute équin, elle pourrait tant parcourir le monde pour suivre les galopeurs dans les plus prestigieuses courses. Mais c’est à Chantilly qu’est basée sa plus grande clientèle. Nous l’y avons retrouvée pour découvrir un métier passionnant et rencontrer une experte du monde équestre, au parcours professionnel riche et varié. Découvrez notre entretien avec Sarah Pilkington, thérapeute équin de renommée internationale.
Pegase Insurance : Pouvez-vous nous parler de votre parcours et de ce qui vous a motivé à devenir thérapeute équin ?
Sarah Pilkington : Je suis anglaise et j’ai grandi à la campagne, en Angleterre. J’ai eu la chance d’être entourée de chevaux dès mon plus jeune âge. J’ai même monté à cheval avant de pouvoir marcher ! Cette passion ne m’a jamais quittée : je savais que je travaillerai plus tard avec les chevaux. Mais je souhaitais un métier qui aide les chevaux, pour leur rendre ce qu’ils nous apportent au quotidien.
Au départ, je me suis orientée vers la chiropraxie, mais rapidement, j’ai découvert Mary Bromiley, la première personne à faire de la physiothérapie un vrai métier. Elle avait à l’époque une école très sélective et j’ai eu énormément de chance de pouvoir l’intégrer. Mary m’a prise sous son aile, jusqu’à son départ à la retraite. C’est ainsi que j’ai connu le monde des galopeurs. J’ai donc appris sur le tas et je lui dois beaucoup.
J’ai commencé à travailler en Angleterre et suite à mon mariage avec un français, j’ai déménagé en France. Grâce au bouche-à-oreille, j’ai développé mon activité de thérapeute, plutôt spécialisée dans le galop.
Pour résumer cette carrière de plus de vingt ans, je dirai que depuis toute petite (et notamment lors de mes séjours en « Pony Club » en Angleterre), j’ai compris qu’un cheval doit travailler avec toi et pas pour toi. Cette vision de la relation cavalier/cheval est ancrée en moi depuis ma plus tendre enfance. C’est ce qui m’a poussé vers ce métier de thérapeute équin.
P.I. : Pouvez-vous nous expliquer comment la physiothérapie peut contribuer à la prévention des blessures chez les chevaux de compétition ?
S.P. : Pour expliquer mon travail, je compare souvent le corps des chevaux à l’intérieur d’une horloge : tous les rouages s’emboîtent correctement et sont bien graissés pour bien fonctionner. Si une roue est en retard, cela met en retard toute la machinerie.
Pour le cheval, c’est la même chose. Dès qu’il y a une compensation à un endroit, cette compensation a un effet sur tout le corps.
Mon métier consiste à aider les chevaux à gagner en souplesse et en mobilité, pour augmenter leurs performances physiques et psychiques. Cela consiste en des massages, des étirements, des techniques de libération des fascias…
L’aspect psychologique a son importance aussi. À moi de convaincre le cheval que l’on a compris qu’il a déjà eu mal et qu’il a été soigné du mieux possible. Maintenant qu’il n’a plus mal, je lui montre qu’il doit refaire confiance à son corps. Ainsi, le cheval retrouve confiance dans son mouvement et dans ses capacités à donner son maximum.
Mon rôle est donc de contrôler tout le système nerveux et circulatoire de la musculature pour une biomécanique parfaite, tout en travaillant sur la motivation mentale, pour une performance optimale.
J’utilise quelques machines, notamment lorsque je reçois les chevaux chez moi, mais mon outil de travail principal reste mes mains. D’où la nécessité d’un grand savoir-faire dans le « parler cheval » pour qu’il soit en confiance totale et pratiquer dans les meilleures conditions.
J’aime dire que mon travail est de rendre le cheval « in a state of readyness », le mettre « prêt à l’emploi » pour ses prochaines grandes courses.
P.I. : En tant que professionnelle du monde hippique, comment percevez-vous l’importance de l’assurance dans votre pratique quotidienne ?
S.P. : Pour moi, c’est une non-question, une assurance spécialisée dans les chevaux est indispensable pour mon activité !
Je me déplace quotidiennement dans les écuries et je suis au contact d’animaux qui représentent beaucoup pour leur propriétaire (soit financièrement, soit sentimentalement, notamment pour les amateurs)… C’est pour moi le minimum de professionnalisme à avoir.
Par ailleurs, je reçois aussi des chevaux chez moi. Malgré toutes les précautions mises en place, on travaille avec des animaux vivants et les choses peuvent basculer très vite. Je suis employeur et j’ai cinq membres de mon équipe qui s’occupent des chevaux à la maison. Il ne faut pas jouer avec ça ! Certains de mes patients peuvent valoir plusieurs centaines de milliers d’euros et peser jusqu’à 400 kg. Même si je comprends leur langage, ils peuvent être imprévisibles. C’est donc primordial d’être bien couvert.
C’est clairement un soulagement de savoir que je suis accompagnée vis-à-vis des chevaux qui sont chez moi, de mes employés et de ma clientèle. En cas de sinistre, je sais quoi faire et à qui m’adresser.
P.I. : Pour conclure, pourriez-vous nous partager une histoire marquante ou une réussite dont vous êtes particulièrement fière dans votre pratique ?
S.P. : C’est la question la plus difficile à répondre finalement, car j’ai eu une vie tellement riche en expériences ! J’ai eu une chance inouïe de travailler avec des chevaux (et des hommes et femmes) extraordinaires au cours de ma longue carrière, c’est donc très difficile de vous en raconter une en particulier. Mais j’ai tout de même une histoire que je qualifierais de « conte de fée » à vous transmettre.
C’est l’histoire d’un galopeur, petit, maigre, acheté pour une bouchée de pain en Angleterre. Personne n’en voulait dans les ventes, mais il s’est révélé à l’entraînement. Il s’est un jour blessé au cours d’une course et on a fait appel à moi, car c’était une grosse déchirure. Cette blessure est intervenue trois semaines avant sa participation à l’une des plus prestigieuses courses du monde, réservée aux poulains de trois ans : le Derby d’Epsom. Comme je vivais déjà en France à cette période, j’ai laissé mes machines chez le propriétaire en Angleterre et j’ai fait plusieurs allers-retours par semaine jusqu’à la course pour m’occuper de lui de manière intensive, quasiment 24h/24 pendant 21 jours ! Il partait clairement en outsider au milieu de tous les autres poulains aux pedigrees illustres. Mais je vous parlais de conte de fées, car, contre toute attente, Sir Percy a gagné le Derby d’Epsom de 2006 ! Il avait tout contre lui ce petit cheval, mais il y a mis tout son cœur (autant que nous !), et il a réussi l’improbable !
Toute l’équipe de Pegase Insurance, et plus particulièrement Géraldine Richshoffer, sa dirigeante, remercient de tout cœur Sarah Pilkington de nous avoir partagé les expériences uniques et les moments incroyables vécus grâce son métier-passion.
Nous sommes fiers de l’accompagner dans le quotidien de son activité !